Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mediathèque de Saint Laurent de la Cabrerisse 11220
15 février 2019

Avis de lecture : La vraie vie

Avis de Dominique

vraie vie

"Adeline DIEUDONNE" Editions Iconoclaste, août 2018, 265 p.

BDA R.DIE

 

4e de couv. :

Le Démo est un lotissement comme les autres. Ou presque. Les pavillons s alignent comme  des pierres tombales. Chez eux, il y a quatre chambres. Celle du frère, la sienne, celle des parents. Et  celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. Un prédateur en puissance. La mère, est transparente,  amibecraintive, soumise à ses humeurs. 

Avec son frère, Gilles, elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre. Ils jouent dans les carcasses des voitures de la casse en attendant la petite musique qui annoncera l arrivée du marchand de glace. Mais un jour, un violent accident vient faire bégayer le présent. Et rien ne sera plus jamais comme avant. 

 

Avis de Dominique :


La vraie vie est un premier roman, écrit par une jeune auteure belge, Adeline Dieudonné. Avec ce livre, elle se voit décerner le 12 septembre, le prix du roman Fnac 2018. L’écriture est parfaitement maîtrisée et ne laisse pas indifférent.


C’est le récit d'une enfance volée, d'une famille impossible, de parents toxiques : une famille qui peut vous détruire ou vous armer.

 

Le Démo est un lotissement où tous les pavillons se ressemblent ou presque, peuplé de gens solitaires, prostrés devant leur télé, cultivant la misanthropie, la dépression, l’aigreur.

 

Il suffit de la première phrase pour être happé.

« A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents, et celle des cadavres. »
Cette pièce encombrée des trophées de chasse constitue un fil rouge dans la suite du récit.

 

C’est dans ce pavillon que vit la jeune narratrice de 10 ans dont on ne connaîtra jamais le prénom, entre un père, chasseur de gros gibier, avide de sang, et qui, lorsqu'il ne chasse pas ou n'est pas au stand de tir, passe son temps à regarder la télé en buvant du whisky, une mère, transparente, amibe craintive soumise aux humeurs violentes de son mari manifestant plus d’amour à ses chèvres qu’à ses enfants et un petit frère, Gilles, toujours espiègle, avec qui elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre.

 

Au milieu du chaos, les enfants résistent plutôt bien, partageant leurs jeux dans les épaves des voitures de la casse voisine en guettant la musique annonçant le marchand de glaces, jusqu'à l'accident dont ils seront témoins, qui laissera le petit garçon au bord de la folie, perdu dans un monde où sa soeur n'a plus accès. Et rien ne sera plus jamais comme avant.

 

Dès lors, c'est le combat d'une fillette qui n'a qu'une idée, échapper à la réalité, remonter le temps pour annuler le drame et redonner « La vraie vie » à un petit garçon qui a perdu sa joie de vivre, « retrouver le rire de Gilles, ses dents de lait, ses grands yeux verts… » malgré la violence de son père, la passivité de sa mère, la sidération muée en psychose de son frère. C’est une histoire sur la survie en milieu hostile, familial et naturel

 

Dans cet univers étouffant, la narratrice refuse de devenir comme sa mère, une enveloppe vide. Elle cherche à protéger son petit frère Gilles qui, il faut l'avouer, sous l'influence du père, semble lui échapper de plus en plus, jusqu'au jour où tout basculera... 

La violence est là, à chaque page, narrée par une observatrice qui analyse avec son point de vue d'enfant les faits tels qu'elle les affronte, en quête de stratégie visant à se préserver, à survivre au sort qui lui est réservé et à réaliser ses rêves. Des rêves d'envergure : devenir Marie Curie! Passionnée par cette dernière et aussi par la physique quantique, on ne sait pas trop comment cela lui est venu, mais dans son kit de survie, cela lui aura sans doute servi. D’ailleurs elle se lie d'amitié avec son professeur de sciences physiques, qui a compris que cette jeune fille pourrait échapper à sa destinée malheureuse et presque fatale, pour peu qu'on l'aide. 
Et puis il y a aussi Plume et Le Champion..., un jeune couple du quartier et Monica la voisine un peu fantasque du fond de la vallée, au-delà du bois des Petits Pendus.

Entre poésie de l'enfance et drame social, Adeline Dieudonné réussit à imprimer à son premier roman une atmosphère où l'étrange se mêle à une réalité désespérée. L’écriture, tout comme l’atmosphère, est  tantôt douce, lorsqu’il s’agit de l’amour que la narratrice porte à son petit frère, tantôt oppressante.

 

« La Vraie Vie », est un beau premier roman sur les terreurs et la fin de l’enfance. C’est comme un guide de survie en milieu hostile.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Mediathèque de Saint Laurent de la Cabrerisse 11220
  • Horaires Mardi 9h30-11h30 * 16h-18h Mercredi 9h30-11h30 * 16h-18h Vendredi 9h30-11h30 * 16h-18h samedi 9h30 - 11h30 11220 Saint Laurent de la la Cabrerisse Mail : mediatheque@saintlaurent11.fr 04.68.33.39.30
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité